Les Présidentielles approchent à grands pas. Et cela ne manquera pas : dès le début 2012, l’événement politique majeur de l’année devrait avoir de fortes répercutions sur les planning des éditeurs. Les livres à plus ou moins forte connotation politique envahiront très vite tous les rayons des libraires.
Ainsi, le tome 2 de la très populaire bande-dessinée Quai d’Orsay vient de paraître et, dès les premiers jours de janvier 2012, plusieurs livres sont annoncés. Après Mainstream, Frédéric Martel publiera son nouvel essai sur le “Sarkozysme culturel” (dont le bandeau rouge annonce opportunément « Comment Sarkozy va gagner en 2012 »), le journaliste Olivier Mazerolle offrira une Vue imprenable sur la campagne présidentielle (sous-titré « Dans les coulisses avec les candidats ») et, dans un autre domaine, Anne Sinclair devrait dévoiler son livre-témoignage sur l’affaire DSK. A cette liste, loin d’être exhaustive, il conviendra d’ajouter un roman de politique fiction qui devrait beaucoup faire parler de lui : Les sauvages, à paraître chez Flammarion le 4 janvier.
Premier roman d’un jeune auteur de 28 ans, Sabri Louatah, Les sauvages est le premier tome d’une série de quatre romans. A l’heure où la France s’apprête à élire son futur président, un candidat d’origine Kabyle, le député Chaouch, sort vainqueur des primaires PS. Donné favori dans les sondages, son visage commence à s’afficher dans les rues de France, afin de se préparer au duel qui l’opposera quelques semaines plus tard à Nicolas Sarkozy. En parallèle, à Saint-Étienne, la turbulente famille Nerouche termine entre rires et larmes les préparatifs d’un mariage. Le témoin du marié, Krim, est en proie à une étrange angoisse. Quelles en sont les raisons ? Est-ce l’union d’un Kabyle et d’une Arabe ? Sont-ce les rumeurs d’homosexualité qui planent au dessus du marié ? Le destin de cette famille va alors s’entrechoquer avec celui du pays, lui aussi en proie à de vives tensions…
Né à Saint-Etienne d’une famille kabyle de dix enfants, émigrée pendant la guerre d’Algérie, Sabri Louatah est un gros lecteur depuis le collège. Après avoir arrêté Normale Sup, il refuse son destin de professeur et se plonge dans la littérature dans le but de devenir écrivain. Faulkner, Bellow, Roth, et Nabokov comptent parmi ses auteurs préférés, mais il place Tolstoï et Proust au-dessus de tous les autres. C’est toutefois la lecture des Démons de Dostoïevski en plein milieu des émeutes de 2005 qui déclenche chez Louatah le besoin de se lancer dans l’écriture. « J’ai senti que mon pays était cassé en deux et j’ai cessé de vouloir faire de la littérature pour essayer de raconter cette brisure » explique l’auteur. Mais il ne se sent pas prêt. Il décide de monter à Paris en 2008, et survit en lisant des scénarios de films. C’est alors qu’il décide de se lancer dans « une contre-histoire contemporaine de notre étonnant pays ». « La “réalité”, sous le mandat de Sarkozy ponctué de débats sur l’identité nationale et d’offensives gouvernementales contre les Arabes, me paraissait accablante ; il n’y avait rien à comprendre, rien à analyser, je voulais simplement la fuir, cette “réalité”, et la fiction m’offrait le meilleur des viatiques. »
S’inspirant de sa passion pour les séries américaines (The west wing, The Wire ou Curb my enthousiasm comptent parmi ses préférées), il met alors en route le cycle des Sauvages. « Par une nuit de décembre enneigée, dans l’extase de mon cher terrier de la gare de Lyon, j’ai inventé un candidat à la présidentielle d’origine algérienne qui serait désigné par le PS à l’issue de ses primaires ». Ce contexte lui permet de placer sa propre famille au cœur de son inspiration : « Je ne savais pas qu’une famille maghrébine de Saint-Étienne pouvait constituer un terreau propice à la fiction ; quand j’essayais d’écrire des sagas faulknériennes, j’inventais des familles françaises, italiennes, avec des noms européens. Les noms arabes me paraissaient anti-romanesques ». Sa famille lui apparaît alors idéale pour mettre en œuvre son projet. « C’était un déclic qu’il me fallait, mais il est survenu par hasard, quand j’ai imaginé un président d’origine algérienne qui donnerait, à ma famille désormais fictive, un horizon, une espérance ». La saga des Sauvages était née.
Le livre, qui compte déjà parmi les grands espoirs de la rentrée littéraire de janvier, bénéficiera à coup sûr d’une couverture médiatique importante. A noter que le livre est co-édité par Flammarion avec l’éditeur numérique Versilio, qui en publiera simultanément la version numérique.
« Les Sauvages » de Sabri Louatah, Éditions Flammarion/Versilio, 320 pages, 19 € au format papier, 12,99 € en version numérique. Parution le 4 janvier 2012.

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Les Sauvages de Sabri Louatah – Présentation de l’éditeur

Les Sauvages est le premier tome d’une grande fresque qui débute la veille des élections présidentielles de 2012, alors que Sarkozy se retrouve opposé à Chaouch, candidat kabyle donné favori dans les sondages.
Construit avec un incroyable brio, ce premier roman met tour à tour en lumière chacun des membres de la famille Nerrouche, avec leurs passions et leurs déchirures, et nous entraîne, le temps d’un week-end, d’un mariage haut en couleur dans la communauté algérienne aux bas-fonds les plus sordides de la pègre locale.
Tout à la fois chaleureux et drôles, émouvants et tragiques, les personnages imaginés par Sabri Louatah se retrouvent malgré eux plongés en plein cœur d’une intrigue politique qui les dépasse.
Quand on interroge Sabri Louatah sur sa vocation d’écrivain, il répond (toujours avec humour) : « Je ne voulais pas devenir prof mais écrivain. J’ai donc passé des années à me faire ma propre prépa, tout seul dans mon coin. Proust, Tolstoï sont devenus mes écrivains préférés, mais j’ai pris le goût d’écrire sur mon temps en découvrant les Américains de la seconde moitié du XXe siècle : Bellow, Roth, Updike, Delmore, Schwartz et surtout Nabokov. Et puis un jour j’ai lu Les Démons de Dostoïevski, au beau milieu des émeutes de l’automne 2005. J’ai compris que mon pays était cassé en deux et j’ai cessé de vouloir faire de la littérature pour essayer de raconter cette brisure. Il me fallait un terrain émotionnel instable, une zone d’inconfort, un foyer ardent : j’ai choisi ma grande et bavarde famille et j’ai écrit le premier épisode des Sauvages. »
© Éditions Flammarion, 2011