Nombre total de pages vues

dimanche 31 juillet 2011

Front National

Amis lecteurs,
Si l'histoire du FN vous intéresse, lisez le doosier du Canard: "les dégâts de la Marine"

Canard enchaîné du 27 juillet 2011

SAMU SOCIAL

Il a bien du courage Xavier EMMANUELLI. Sa démission met en lumière le désengagement de l'ÉTAT en ce qui concerne l'urgence sociale.
voici un article du Canard enchaîné sur le sujet.


Canard enchaîné du 27 juillet 2011

Canard enchaîné du 27 juillet 2011

lundi 25 juillet 2011

ONF: NE PAS DÉGRADER CE QUE CERTAINS, DONT COLBERT, ONT MIS DES SIÈCLES À STRUCTURER

Amis lecteurs,
La forêt française est un trésor inestimable qu'il faut préserver.
Voici un dossier instructif de Mediapart sur l'ONF.


ONF : ce service public qu'on abat

 | PAR NOEMIE ROUSSEAU
Tout est là. L'absurdité de la gestion de l'Office national des forêts (ONF), le crève-cœur du forestier Claude Ammerich, un énorme tas de bois. Vingt hectares de la forêt de L'Isle-Adam (Val-d'Oise) ont été rasés il y a deux ans. Depuis, le bois coupé attend, en proie aux intempéries. Les troncs se sont tous fendus. Aujourd'hui, les arbres centenaires sont tout juste bon à être brûlés. Les lots ont déjà été faits. A la place de la forêt, un sol nu, un paysage défiguré.Le forestier Claude Ammerich est scandalisé par ces 20 hectares de bois qu'on a coupé pour le laisser pourrir.Le forestier Claude Ammerich est scandalisé par ces 20 hectares de bois qu'on a coupé pour le laisser pourrir.© Noémie Rousseau 
« On s'est fait insulter par la population. Les gens nous ont dit : c'est dégueulasse ce que vous faites, c'est du travail de sauvage, du saccage », se souvient Claude Ammerich, amer. « On va replanter, mais est-ce qu'on aura l'argent ? » Il en doute. Les pousses d'arbres qui se seraient naturellement développées sont en train de mourir étouffées sous les herbes hautes que personne ne taille. Ecœurement, désolation, incompréhension. Il parcourt le terrain à l'abandon du regard, et s'étrangle : « C'est du gâchis. »
La forêt, pour Nicolas Sarkozy, est « un atout considérablement sous-exploité ». Il faut « donner du bois à la filière bois », expliquait le chef de l'Etat dans son discours sur la filière en 2009 à Urmatt. Ainsi a-t-il été prévu d'augmenter la production de 40%, soit 20 millions de mètre cube de bois supplémentaires d'ici 2020. « Inatteignable », selon les syndicats.
D'autant plus que si les objectifs sont revus à la hausse, les effectifs, eux, sont revus à la baisse. En effet, les fonctionnaires de l'ONF n'échappent pas à la révision générale des politiques publiques (RGPP) et au non-renouvellement d'un fonctionnaire sur deux. En 2002, 12.000 personnes travaillaient à l'ONF. Aujourd'hui, elles ne sont plus que 9.500.
Et pour concilier l'inconciliable, produire plus avec toujours moins, l'ONF s'est appuyé sur de nouvelles méthodes de management. Elles accompagnent une grande réforme de l'organisation depuis 2001. Résultat ? Les salariés souffrent, on dénombre à l'ONF vingt-quatre suicides depuis 2005. Et les impératifs de rendement, combinés à la politique de dégraissage, n'ont pas suffi à redresser la barre: les performances de l'ONF stagnent, voire régressent. En 2010, l'établissement enregistre un déficit de 14,7 millions, 2,5 millions de plus que l'année précédente.
Questionné sur l'efficacité des réformes successives visant à « structurer » et « professionnaliser » l'exploitation forestière, le directeur général, Pascal Viné, répond : « La filière est fragile, moins structurée par rapport à d'autres pays d'Europe. Le bois est le deuxième poste déficitaire en France après l'énergie (...). Les Français veulent des maisons en bois, mais 98% est importé, c'est un marché qui nous échappe. » Les nouvelles méthodes n'ont pas réussi à inverser la tendance en dix ans.
Pourtant, Pascal Viné persiste et signe avec le nouveau contrat Etat-ONF 2012-2016 qui prévoit 700 nouvelles suppressions de poste. Les syndicats ont voulu freiner la machine, réclamant un moratoire pour revenir sur le management par objectifs. Mais le contrat est passé coûte que coûte.
Du bois inexploitable et un paysage figuré : les forestiers se sont mis la population à dos.Du bois inexploitable et un paysage figuré : les forestiers se sont mis la population à dos.© Noémie Rousseau
Et Pascal Viné de se justifier : « La réduction d'effectifs est le seul point de friction du contrat et c'est une mesure restrictive qui nous échappe. » Mis à part ces petites choses qui « échappent » à la direction (le marché du bois et l'évolution de la masse salariale), « le contrat consolide l'ONF et réaffirme la gestion durable des forêts », assure-t-il. « De la poudre aux yeux ! » s'insurge le syndicaliste Philippe Berger, secrétaire général du SNUPFEN-Solidaires.« Nous sommes d'accord sur les aspects environnementaux, les missions de police de l'environnement et de surveillance, mais nous n'aurons de toute façon pas assez de moyens pour les assurer. »
La veille de l'adoption du nouveau contrat, un forestier de 59 ans, père de trois enfants, se pendait dans sa maison forestière de l'Allier, le 24e en six ans. Dans le Sud-Ouest, où un forestier s'est donné la mort une semaine auparavant, on est « dépassé par les commissions d'enquête », mises en place après chaque suicide. L'une d'elles vient d'être achevée, deux sont encore en cours. Pour faire face, il a fallu faire appel à un cabinet privé.
Des tragédies qui seraient simplement les effets de la « solitude » inhérente au travail de forestier, à en croire les propos de la ministre de l'environnement Nathalie Kosciusko-Morizet, réagissant à la vague de suicides : « Dix-huit sont agents patrimoniaux (le nouveau nom de gardes forestiers, ndlr), au plus proche du terrain, dans la forêt, dans des conditions particulières, qui sont proches d'une forme de solitude. » Mais ce n'est pas la solitude qui tue, elle faisait partie des règles du jeu dès le départ. « Dans les bois, on est seul face à soi-même mais on aime ça. Le problème c'est quand on ne se reconnaît plus dans son travail, c'est là que le mal-être s'installe », témoigne Claude Ammerich.
Le suicide, le forestier y a déjà pensé. Il a dû appeler un collègue pour qu'il mette son arme de service en lieu sûr. Mais le délégué syndical est trop révolté pour abandonner la partie. Il s'inquiète davantage pour des collègues plus fragiles qui voient le «travail de toute une vie» massacré par les impératifs de production. Un nouveau contrat vient d'être signé avec Roissy. Les forêts du Val-d'Oise devront alimenter la chaufferie de l'aéroport. « On a parfois l'impression qu'il faut protéger la forêt contre l'ONF », lance Claude Ammerich.








« Ce n'est plus le bon sens qui prévaut, c'est le fric »
Quand Claude Ammerich parle des 800 hectares dont il s'occupe à L'Isle-Adam, il dit « ma forêt » et aujourd'hui il a le sentiment qu'on la lui « enlève» : « Ils ne veulent plus de ce lien affectif. » A l'ONF, plutôt que de faire dans le sentiment, on a préféré rationaliser le travail. Les forêts ont été redécoupées, la répartition a été revue en fonction des « unités territoriales ». Progressivement, elles fusionnent, cinquante ont disparu en dix ans selon les syndicats. Et ce sont les déplacements pour les salariés qui s'allongent, la charge de travail qui s'alourdit. Simultanément, de huit fonctionnaires, ils sont passés à six forestiers dans le Val-d'Oise.
Quand Claude Ammerich parle de la forêt de l'Isle-Adam, il dit "ma forêt".Quand Claude Ammerich parle de la forêt de l'Isle-Adam, il dit "ma forêt".
Il arrête sa voiture devant une parcelle légèrement en pente. On entend le bruit lointain des débroussailleuses. Le forestier veut montrer son métier, son vrai métier : la sylviculture, « le travail de la lumière ». Il faut éclaircir çà et là pour privilégier tel arbre plutôt qu'un autre, choisir les espèces à planter pour construire un paysage agréable à l'œil du promeneur. Couper, mais intelligemment, régénérer, penser sur le long terme.
Les engins se taisent. Cinq hommes s'approchent sous la pluie fine. Quelques-uns roulent une cigarette. « J'ai un nœud dans la gorge rien que d'en parler. » Jean-Claude Collin, le grand gaillard mal rasé de 55 ans, semble sonné. « Je suis cassé, usé par le travail. » Ses collègues se sont accroupis entre les jeunes arbres, fraîchement plantés. Ils essaient de soulager leur dos, abîmé par les machines qu'ils portent à bout de bras six heures par jour. Ce sont les ouvriers de droit privé de l'ONF, ils appartiennent à l'Agence travaux.
L'ONF a été divisé en trois pôles : travaux, technique et administratif. « Avant on était collègue, aujourd'hui on n'est plus dans la même boîte », résume Claude Ammerich. Le garde forestier n'existe plus, il a été remplacé par l'« agent patrimonial ». La rationalisation du travail est à l'œuvre, avec ses définitions de fonctions toujours plus abstraites et sophistiquées. A mesure que la forme se complexifie, le travail se vide de son sens. « Avant il y avait un relationnel dans le travail et du jour au lendemain on a reçu des courriers : il ne faut plus se parler, ça interrompt le rendement… On crée des cases et tout ce qui dépasse n'existe pas », explique l'ouvrier Yves Fraymann. Un autre parle d'un « fossé » entre les employés de l'établissement. Désormais, alors qu'ils se croisent tous les jours sur le terrain, tout doit passer par la hiérarchie. 
Les ouvriers de droit privé se disent "usés physiquement et moralement".Les ouvriers de droit privé se disent "usés physiquement et moralement".© Noémie Rousseau
«Maintenant ce n'est plus le bon sens qui prévaut, c'est le fric», lâche Yves Frymann. Et d'expliquer : «L'ONF préfère faire intervenir des entreprises privées qui travaillent à la tâche. Nous, nous sommes deux fois plus chers. Donc on récupère que des gros chantiers dont les boîtes privées ne veulent pas parce que c'est trop dur, parce qu’elles ne veulent pas casser leurs hommes et le matériel.»
Les ouvriers font de moins en moins le travail pour lequel ils ont été formés. Au lieu de l'élagage et de l'abattage, dernièrement ils ont surtout ramassé des ordures, fauché un marais de 6 hectares dont ils ont sorti à la main toutes les branches. La grande majorité des chantiers qui leur sont confiés ne concernent plus la forêt domaniale. «Ça rapporte plus. Quand on travaille pour des particuliers, des communes, des entreprises, on facture 30% de plus...» La forêt publique passe après.

« On nous vendra pour 1 euro symbolique à Veolia »

Yves Freymann, ouvrier et délégué du personnel, milite pour que leur métier soit enfin reconnu pénible et dangereux.Yves Freymann, ouvrier et délégué du personnel, milite pour que leur métier soit enfin reconnu pénible et dangereux.© Noémie RousseauCe soir, ils n'auront pas fini le chantier sur lequel ils travaillent, comme souvent. Alors ils essuieront des « réflexions », on les soupçonnera d'avoir « fait trop de pauses », d'avoir « écourté la journée ». Et puis, ils ne percevront pas la totalité de leur prime. Ce n'est jamais arrivé d'ailleurs. Sur 1500 euros, le plus âgé d'entre eux, Jean-Claude Collin, a touché 130 euros de prime l'année dernière, les autres entre 350 et 400 euros. Leurs rendements sont tellement bas que des collègues de Normandie se sont cotisés pour leur offrir de vraies primes.
 Les sanctions, le forestier Claude Ammerich y a eu droit aussi. Il est délégué syndical et se dit « puni »« pris pour cible »« sanctionné en raison de son engagement syndical ». Il a gardé toutes ses notations. Alors qu'il est jugé « bon » presque partout en 2001, en 2003 la quasi-totalité de ses compétences sont « à développer ». Revirement l'année suivante. Une constante : le manque de rigueur administrative. C'est qu'il boycotte la « comptabilité analytique » qui consiste à décrire sa journée heure par heure sur le papier. Parce que le forestier est de moins en moins sur le terrain. Sa note, quand elle ne régresse pas, progresse à peine. Dur quand on vit dans sa forêt, qu'on est passionné. Dur à la fin du mois aussi.
Chaque année, Claude Ammerich a contesté sa notation. Des lettres restées sont réponse.Chaque année, Claude Ammerich a contesté sa notation. Des lettres restées sont réponse.© Noémie RousseauAujourd'hui, à 60 ans, il touche 1400 euros par mois et dispose d'un logement de fonction ainsi que d'une prime de performances. Prime qui souffre d'une « modulation négative » (–5%) depuis 2003, en raison de sa « manière de servir (qui) comporte encore de nombreuses lacunes » (selon les termes de la lettre de l'Agence forestière, que Mediapart a pu consulter). En trente ans de service, le salaire de l'ouvrier Jean-Claude Collin a augmenté de 120 euros.« Quand je suis revenu après un accident du travail, demandant une adaptation de poste, on m'a dit : si tu ne peux plus faire le boulot, faut arrêter. Avant on disait ouvrier cassé, ouvrier reclassé. Maintenant ils nous enfoncent avant de nous licencier », se désole-t-il.
Ils n'ont pas eu de visite médicale depuis 2008, n'ont jamais eu les radios régulières des poumons qu'ils réclament en raison des émanations de carburant et des particules de sciure, cancérigènes, qu'ils inhalent toute la journée. Tous souffrent de la gorge. Leur métier n'est même pas reconnu comme pénible et dangereux, ils ne bénéficient donc pas de la retraite à 55 ans. «Physiquement et moralement, on le ressent... on est usés. » Et inquiets. On leur répète que « les caisses sont vides » mais ils voient arriver de nouveaux téléphones, des bureaux flambant neufs, des voitures, des outils... Un mauvais présage, selon eux : « Quand on veut vendre, on vire les vieux et on achète du nouveau matériel. On nous vendra pour 1 euro symbolique à Veolia. »
Les ouvriers et agents patrimoniaux n'ont rien à envier au personnel des bureaux. A l'ONF, « les secrétaires pleurent tous les jours, les gens prennent des calmants, sont sous antidépresseurs », explique une salariée du troisième pôle de l'ONF : l'administratif. 90% du personnel y est féminin, mais l'encadrement est presque exclusivement masculin. La CGT-Forêt a lancé une enquête sur la discrimination des femmes à l'ONF.
La conclusion est sans appel : les femmes se sentent dévalorisées, le manque de reconnaissance est dévastateur. « Il y a une scission entre technique et administratif, nous avons toujours été considérées comme du personnel de soutien pour les techniciens, les hommes. Eux prennent conscience qu'on ne sert pas à rien, car avec la baisse des effectifs on leur demande de plus en plus d'accomplir nos tâches.»
Elle parle d'un « trop-plein » de stress, de frustrations. « Les managers sont d'anciens ingénieurs des Ponts et Forêts, promus sans aucune formation en ressources humaines. Récemment, la majorité a refusé d'assister à une formation sur les risques psychosociaux, considérant que c'était une perte de temps. » La jeune femme raconte : les mails incessants, le harcèlement, la peur, le travail qu'on jette à la figure en vous le rendant quand le supérieur ne se l'approprie pas en remplaçant le nom de l'auteur par le sien. « Il n'y a pas une politique de casse des individus instituée à l'ONF mais un laisser-faire et c'est pire. L'ONF est malade, malade d'incompétence, malade d'un système qui est à l'opposé de ce qu'il faut faire. »  
Le directeur général, Pascal Viné, se dit « bouleversé par le décès de collègues » et « préoccupé par la perte de repères » qui frappe les agents de l'ONF : « La réforme a laissé des traces et dix ans après, elle n'est toujours pas cicatrisée. » Pour autant, il n'en conteste pas le bien-fondé et la nécessité. Un audit socio-organisationnel a tout de même été lancé. Le nombre d'assistantes sociales va doubler, un numéro vert a été mis en place. Le directeur général s'est engagé auprès du ministre de l'agriculture, Bruno Le Maire, à proposer fin août un plan de prévention des suicides en lien avec celui qui sera lancé pour les paysans. « Il y a une prise de conscience, c'est un premier pas mais ce sont toujours les mêmes politiques à l'œuvre », soupire le syndicaliste Philippe Berger.
Et Pascal Viné de marteler : « La gestion des ressources humaines est une question qu'il faut remettre au premier plan à l'ONF. »Pourtant, sur les 55 pages du contrat, deux y sont consacrées.

    samedi 23 juillet 2011

    Mediapart: Le 14 juillet 1789: un rappel historique


    Voici un petit rappel historique vu sur le blog de Jonas EKHER.  

    Il confirme que ce 14 juillet 1789 fut une victoire du peuple  et  non de l'armée

    14 juillet 89: l’armée contre le peuple

    Le pouvoir feint d'oublier que le 14 juillet 1789 n'a rencontré l'armée du pays qu'à la pointe des trente-deux mille fusils pris par le peuple - boutiquiers, rentiers, artisans et compagnons - à l'Hôtel des Invalides. C'est muni de ces armes que le peuple s'est ensuite rendu à la Bastille, ce symbole de l'oligarchie ennemie, qui disposait bien sûr - cela a toujours différencié l'oligarchie de la république - d'une armée de métier à sa solde. La Bastille capitula après une fusillade sanglante : on tira sur les soldats avec les fusils et les canons pris aux Invalides. Puis on coupa des têtes : l'impunité des oligarques et de leurs employés avait assez duré.Le gouverneur de la Bastille, Launay, lieutenant du ministre de l'intérieur de l'époque, fut traîné par les quais jusqu'à l'Hôtel de Ville et abattu place de Grève ; Flesselles, le prévôt des marchands, sorte de patron du Medef avant la lettre, subit le même sort. On exhiba leurs têtes coupées, au bout d'une pique, jusqu'au Palais-Royal.Mais ce commencement de réparation des iniquités ne s'arrêta pas là : le 22 juillet, Foulon de Doué, contrôleur des finances, fut pendu par le peuple devant l'Hôtel de Ville, en compagnie de son gendre (ah ! les valeurs familiales de l'oligarchie), Bertier de Sauvigny, intendant de Paris, accusé « d'avoir fait couper les blés en vert » pour affamer les pauvres : un employé de Sarkozy n'a-t-il pas récemment traité ces même pauvres de « cancer » ? A la réflexion, le pouvoir actuel a raison de faire parader l'armée près d'elle le 14 juillet : en cas d'émeute, une armée de citoyens se tournerait peut-être du côté du peuple ; une armée de métier est la garantie, pour l'oligarchie en place, d'avoir des troupes qui la protégeront, tant qu'elle pourra les payer, de la colère des citoyens.

    jeudi 21 juillet 2011

    Le Canard enchaîné: Information et humour

    Amis lecteurs,
    vous trouverez ci-après une analyse du Canard enchaîné sur notre 1er Ministre, et une autre sur le succès de la candidate d'EELV à la primaire face à Nicolas HULOT.

    Canard enchaîné du 20 juillet 2011

    Canard enchaîné 20 juillet 011

    Canard enchaîné 20 juillet 2011

    mercredi 20 juillet 2011

    Mediapart: les africains de New York et les retombées de l'affaire DSK


    A New York, les Africains se mobilisent, inquiets des retombées de l'affaire DSK

     | PAR LA RÉDACTION DE MEDIAPART
    Lire aussi
    Un article de Renaud Ceccotti-Ricci, à New York
    Un vieux bâtiment en briques rouges transformé en mosquée ; un restaurant sentant les épices et servant le mafé guinéen au poulet mariné et aux patates douces ; un supermarché de produits africains ; une boucherie halal où l'on peut faire abattre chèvres et moutons... Voilà « Little Conakry », la petite Guinée située au beau milieu du Bronx, un des cinq arrondissements de New York avec Manhattan, Brooklyn, le Queens ou Staten Island.
    Magasins d'alimentation dans le Bronx, à «Little Conakry».Magasins d'alimentation dans le Bronx, à «Little Conakry».© (R.C.)
    Ce vendredi, jour de prière, la petite rue, peu fréquentée d'ordinaire, s'est animée d'un coup. D'un côté, les hommes dans leurs longues djellabas, bonnet blanc sur la tête, égrènent leur chapelet. Ils arrivent à pied ou en bus quand ils ont pu attraper l'un des rares à passer par là. Les femmes, elles, sous leur voile coloré, font la queue devant l'autre entrée du Centre islamique Fula. Ce centre où avait l'habitude de se rendre Nafissatou Diallo, la victime présumée de Dominique Strauss-Kahn.
    Les « gipsy cab », ces grosses berlines noires qui s'improvisent taxis clandestins dans les rues de New York et dont les conducteurs sont bien souvent africains, se sont garés en double ou triple file, le temps d'aller prier. Une patrouille de police verbalise les contrevenants sous les yeux d'une vendeuse dominicaine de beignets au crabe frits.
    Contrairement à « Little Italy », « Chinatown » ou « Little Odessa », les autres quartiers regroupant des communautés à New York, on ne croise aucun touriste ici. Le guide du routard ne consacre que six de ses 380 pages au Bronx. C'est uniquement pour évoquer les deux seules attractions du quartier : le stade de base-ball des Yankees et le zoo adjacent... Le Zagat, la bible culinaire répertoriant les meilleurs restaurants pour croquer la Grosse Pomme, ne compte que trente restos dans l'arrondissement parmi ses 2115 propositions... Pourtant, si ce Bronx était une ville, ce serait la 7e des Etats-Unis avec son million et demi d'habitants, pour la plupart noirs ou latinos.
    Depuis la parution dans la presse d'informations mettant en cause la crédibilité de celle qui accuse Dominique Strauss-Kahn, « Little Conakry » doit faire face à l'afflux d'un nouveau genre de visiteurs : les journalistes. La victime présumée, Nafissatou Diallo, est en effet guinéenne. A 32 ans, dont treize passés aux Etats-Unis, c'est dans ce petit coin du Bronx qu'elle s'était installée avant l'affaire DSK. Partagés entre solidarité pour leur « sœur » et crainte de voir leur retomber dessus la colère de ceux qui la traitent de menteuse, les Guinéens de New York ne savent plus quoi penser.
    Mais au-delà, c'est l'ensemble des immigrés d'Afrique, voire des Africains-Américains, noirs également mais présents aux Etats-Unis depuis plusieurs générations, qui se sent concerné par cette affaire.
    Dimanche 10 juillet, entouré des responsables de la «Coalition nationale de 100 femmes noires» (leur site est ici) et de l'association «Femmes d'Islam», le sénateur démocrate Bill Perkins, lui-même Africain-Américain, tient une conférence de presse depuis son quartier général à Harlem. Il demande au procureur de Manhattan, Cyrus Vance Jr, de ne pas abandonner les charges pesant contre DSK. A la question de savoir si la race de la victime présumée a joué un rôle dans sa décision de la soutenir, le sénateur de New York est très clair : « Il y a un homme blanc puissant et une femme africaine très pauvre. Ignorer les questions raciales serait ne pas regarder la réalité en face. » Sa lettre au procureur est à lire en cliquant ici.

    Attaques contre le procureur.

    « Elle (la victime, ndlr) nous représente », estime Virginia Montague, présidente de la Coalition nationale de 100 femmes noires, présente à ses côtés. « Aucun élément ne permet de dire qu'elle a menti sur le viol. Si on lui refuse le droit de se défendre en justice, voire pire, qu'on la punit pour des faits qui n'ont rien à voir avec l'affaire, comme avoir menti pour obtenir ses papiers, alors on fait passer un message fort aux femmes noires en situation précaire : ne portez pas plainte ou cela se retournera contre vous. C'est contre cela que nous nous battons. »
    Pour obtenir sa carte de séjour, après plusieurs années passées dans l'illégalité à New York, Nafissatou Diallo aurait notamment évoqué un viol en réunion subit en Guinée. Un viol qu'elle a admis avoir inventé au procureur Cyrus Vance lorsque l'affaire a éclaté et que les fins limiers embauchés par les avocats de DSK se sont penchés d'un peu trop près sur son passé.
    Au restaurant Jalloh/Diallo, homonyme de la famille de la femme de chambre.Au restaurant Jalloh/Diallo, homonyme de la famille de la femme de chambre.© (R.C.)
    Au « restaurant de la famille Jalloh» (orthographe anglo-saxonne de Diallo et homonyme du nom de la femme de chambre), dans le quartier guinéen du Bronx, les habitués ne semblent d'ailleurs pas offusqués par ce mensonge pour obtenir la fameuse carte verte :« Tout le monde ment pour venir aux Etats-Unis, explique Ousmane, un des clients. La situation économique est tellement mauvaise en Guinée que vous n'avez pas d'autre choix que d'aller vous installer à l'étranger. Ce qui est choquant, c'est que la misère sociale ne soit pas un critère pour immigrer ici et que l'on soit obligé d'inventer des viols ou des meurtres dans notre famille pour avoir le droit de rester... »
    A quelques mètres de là, Mamadou Diallo, président du Centre islamique Fula, ne veut pas polémiquer. Il dit ne pas connaître personnellement Nafissatou Diallo et ne pas avoir assez d'informations, « vu que l'on peut lire tout et son contraire dans un même journal aujourd'hui », pour savoir si la victime est crédible ou non. Toutefois, il reconnaît craindre les retombées sur sa communauté s'il était finalement établi qu'elle a menti. « Etre musulman et noir, ce n'est jamais facile aux Etats-Unis, on n'avait pas besoin de cela », renchérit un fidèle agacé par cette soudaine publicité.
    Le centre islamique du quartier.Le centre islamique du quartier.© (R.C.)Pour lui donner raison, il convient d'acheter chaque matin le tabloïdNew York Post. Autrefois très virulent avec le« Pervers français »Dominique Strauss-Kahn, il a désormais totalement retourné sa veste et enchaîne les « révélations » plus ou moins vérifiées sur la Guinéenne. Prostituée, proche de trafiquants de drogue... rien ne lui est épargné. Les clichés de la pauvre africaine musulmane incapable de mentir ont laissé place à ceux de l'Africaine vénale décidée à s'enrichir par tous les moyens...
    « Les stéréotypes sur les Africains vont resurgir de manière exacerbée si jamais elle a réellement menti », prévient Mamadou Diallo. Le United African Congress, une organisation chargée de représenter les intérêts des immigrants africains à travers les Etats-Unis, a d'ailleurs également organisé une manifestation devant le tribunal de Manhattan pour demander la tenue du procès. « Nous demandons à ce que justice soit faite », lance avec conviction Togba R. Porte, l'un des dirigeants de l'association. « Il y en a assez que ce soit toujours les puissants que l'on écoute et jamais les Africains. »
    Ce sentiment d'injustice, la sociologue Holly Reed du Queens College de la City University of New York (CUNY), l'a étudié dans une enquête (à lire sous l'ongler “Prolonger”) intitulée «La nouvelle vague des immigrants africains aux Etats-Unis» pour l'Institut de démographie de son université. Selon elle, le recensement de 2010 devrait établir à 1,2 million le nombre d'immigrés nés en Afrique, soit une augmentation de 50% par rapport au recensement de 2000.

    Une des communautés les plus pauvres

    Les Guinéens, eux, ne représentent que 3,2% du total des Africains vivant aux Etats-Unis. Les pays envoyant les plus forts contingents d'immigrants sont le Nigeria, l'Ethiopie, l'Egypte ou le Ghana. Toutes ses communautés sont d'ailleurs elles aussi installées majoritairement dans le Bronx à quelques rues seulement de « Little Conakry ». Brooklyn et Harlem sont eux peuplés en grande partie de noirs africains-américains.
    90.000 immigrés venus d'Afrique à New York. Ils vivent essentiellement dans le Bronx.90.000 immigrés venus d'Afrique à New York. Ils vivent essentiellement dans le Bronx.© (R.C.)
    New York est de loin la ville où l'on compte le plus d'immigrants africains (ils sont 90.000 contre 16.000 à Chicago, la deuxième ville, d'après la dernière étude démographique du gouvernement datant de 2007). Les chiffres de cette étude trahissent une véritable inégalité de traitement entre immigrés nés en Afrique et ceux nés dans le reste du monde.
    A titre d'exemple, on notera que, dans un pays où le père du président est pourtant natif du Kenya, 65% des Africains n'ont pas obtenu la citoyenneté américaine, les immigrants nés dans le reste du monde ne sont que 58% dans ce cas. 20% des Africains sont sous le seuil de pauvreté, contre 15% pour les autres immigrants, 37% des Africains sont propriétaires contre 54% pour les autres... On pourrait continuer comme cela pendant longtemps...
    Même si les programmes des télévisions africaines sont désormais accessibles sur le câble américain, même si les films de Nollywood (le Hollywood du Nigeria, grand producteur cinématographique) sont en vente dans de nombreux magasins spécialisés et que le nombre de restaurants africains dans les grandes villes du pays augmente chaque jour un peu plus, le sentiment d'être un citoyen de seconde zone, lui, n'a pas disparu.
    « Il y a beau avoir désormais un président noir, la situation pour nous n'a pas changé depuis son élection ! » lance déçue Fatoumata, une cliente du restaurant de la famille Jalloh. Attablée devant un bol de soupe, les yeux rivés sur la chaîne de télé guinéenne, la jeune mère de famille de 27 ans est elle aussi femme de ménage. Pas dans un grand hôtel comme Nafissatou Diallo mais dans des bureaux du sud de Manhattan, à une heure de bus de chez elle.
    « Je dois y être chaque matin à 5 heures. Malgré ses diplômes en économie, mon mari n'a jamais pu trouver de travail dans une entreprise américaine. Alors il fait le taxi, il travaille en moyenne 14 heures par jour... On vit à 5 dans un 2-pièces dans ce quartier sinistre où on loue 1.500 dollars (environ 1000 euros) l'appartement, mais il n'y a pas vraiment d'autre choix », explique-t-elle désabusée.
    « Vous savez, ici, les gens n'ont pas grand-chose, alors quand certains entendent que cette femme va gagner des millions de dollars de dommages et intérêts face à Strauss-Kahn, ils se mettent à être jaloux. C'est ça qui est le plus triste », explique Fatoumata.
    « Ils la traitent d'arnaqueuse. La vérité, c'est qu'ils ne savent pas plus que moi ce qui s'est passé au Sofitel. Si elle a été violée, ce n'est pas l'argent qui changera son malheur. Une cousine de mon mari a été abusée par son patron. Il s'est dit qu'elle était noire, qu'elle n'avait pas de papiers et qu'elle ne se plaindrait sûrement jamais à la police. Il a eu raison. En attendant plus personne ne veut se marier avec elle aujourd'hui, les gens l'évitent dans notre communauté. Sa vie est devenu un enfer. Je ne peux pas souhaiter à quiconque d'avoir à vivre ce qu'elle a connu, même pour beaucoup d'argent... »
    Renaud Ceccotti-Ricci, à New York
    Lire aussi