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vendredi 11 mai 2012

NOTRE DAME DES LANDES: Un aéroport peut-être au conditionnel

Amis lecteurs du grand Ouest,
Vous connaissez le projet de grand aéroport de Notre dame de landes. Il parait indispensable pour certains, démesuré pour d'autres, dont je suis.
Ce projet pourrait se révéler un obstacle pour J M Ayrault, sur la route de Matignon. Nous serons bientôt fixés.
Voici un article intéressant paru dans Libération.

Ayrault : un caillou sur la piste de décollage

Jean-Marc Ayrault à Nantes le 25 mars 2012.
Jean-Marc Ayrault à Nantes le 25 mars 2012. (Photo Stéphane Mahé. Reuters)

REPORTAGE Pressenti à Matignon, le maire de Nantes peine à se dépêtrer de la contestation sur l’aéroport du Grand Ouest.

Par NICOLAS DE LA CASINIÈRE Nantes de notre correspondant,PASCALE NIVELLE (à Nantes)
Ce mardi, le maire de Nantes a la tête ailleurs. La mèche blanche un peu dérangée, il bafouille son discours sur la victoire des Alliés, boude les petits Lu et le muscadet du buffet. Jean-Marc Ayrault pense-t-il à son possible avenir à Matignon ? Et au dossier qui pourrait bien le compromettre ? A quelques centaines de mètres de la mairie, des paysans en grève de la faim (Libération du 27 avril) contre son projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) étaient alors entrés dans une phase critique, leur cinquième semaine de jeûne. Le plus acharné, Michel Tarin, a perdu 15 kilos, mais répétait qu’il irait «jusqu’au bout». Ce nouveau Larzac, avec paysans expulsés, manifs de tracteurs, moutons dans la ville et José Bové en tête des cortèges, risque de plomber d’entrée le quinquennatFrançois Hollande s’en est inquiété, c’est aujourd’hui qu’il faut en sortir.
Ayrault, qui bataille pour son aéroport depuis plus de vingt ans et qui s’est toujours montré «dur» sur ce dossier, de l’avis même de ses conseillers municipaux, veut arrondir les angles. «Je n’en fais pas une affaire personnelle, c’est en projet depuis quarante ans»,explique-t-il à Libération, déclarant pour la première fois en un mois : «Il est dans l’intérêt de tout le monde d’en sortir sans humiliation.» Ce n’est que quand arrive le mot «Larzac» qu’il redevient cassant : «Ça n’a rien à voir. Je me suis battu pour le Larzac en son temps. Là, on est sur un projet d’avenir. Des décisions ont été prises, je les assume.»
«Déçus». Pas une seule fois, en vingt-huit jours, le maire de Nantes n’est allé rendre visite aux grévistes de la faim, pourtant soutenus par ses alliés verts à la mairie. Mais vendredi et samedi, alors que l’équipe de François Hollande mettait la pression, il a reçu l’un d’eux, Robert Chiron, lui donnant de premiers gages d’ouverture : «On se connaît depuis vingt-cinq ans, raconte celui-ci, on a réussi à tomber d’accord pour arrêter la grève de la faim. Mais la lettre qu’il a rendu publique ensuite n’avait plus le même contenu, on a été déçus.»
Mardi, pendant la cérémonie du 8 Mai, moins de quarante-huit heures après l’élection de Hollande, le secrétaire départemental du PS, Alain Gralepois, a rencontré une délégation de paysans. Le soir, ils avaient trouvé un accord mettant un terme à la grève de la faim. Pas d’expulsions avant que tous les recours n’aient été examinés devant la Cour de cassation, le Conseil d’Etat et le Conseil constitutionnel. Les paysans et leurs soutiens n’ont pas parlé de victoire. Mais ils ont gagné deux ans, et pour les jeûneurs, un bol de bouillon.
Hier, à la sortie d’une réunion des députés socialistes à l’Assemblée nationale, Jean-Marc Ayrault s’est réjoui de la fin de la grève, tout en déclarant : «Cela ne veut pas dire que le projet est abandonné.» C’est l’avis de tous les supporteurs de l’aéroport du Grand Ouest, alliance d’élus PS et UMP de la ville, du département et de la région, adversaires politiques sur tous les fronts sauf celui-là. «On ne reviendra pas en arrière, assure Sophie Jozan, élue UMP de Nantes. Jean-Marc Ayrault est le leader de ce projet, il devra le faire passer, au risque d’apparaître brutal. Mais il est brutal, il faut le savoir.» Dans l’immédiat, en mettant fin au campement de grévistes en plein centre de Nantes, le maire a donné des gages à François Hollande. «C’était un sacré caillou dans sa chaussure, juge Pascale Chiron, conseillère municipale Europe Ecologie-les Verts,surtout s’il vise Matignon ou un grand ministère.»
Début avril à Rennes, lors du meeting qui avait scellé les retrouvailles publiques de l’ancien couple Hollande-Royal, le candidat socialiste avait répercuté la parole d’Ayrault sur l’aéroport, bien que ce dossier n’emporte pas l’unanimité. Lors de la primaire, Ségolène Royal avait fait part de ses réticences et Arnaud Montebourg, selon les grévistes de la faim, avait lui aussi fait «quelques gestes d’ouverture».

«Insensé». Mais comment le nouveau président de la République s’est-il désolidarisé de son ami Jean-Marc Ayrault ? «Dany Cohn-Bendit et José Bové ont fait un lobbying d’enfer, raconte Gilles Denigot, syndicaliste gréviste, et trois d’entre nous sont allés à Paris la semaine dernière. Ils ont été virés de chez Sarkozy. Hollande, qui n’avait pas tout le dossier, les a reçus, et son conseiller Stéphane Le Foll les a longuement écoutés. Les paysans ont réussi à les convaincre que ce projet est insensé. Et qu’on irait au bout de notre action.» Pour le collectif des paysans, soutenu par un millier d’élus de tous bords, cette visite avenue de Ségur, au QG de François Hollande, fut «une bouffée d’air pur». «Pendant toutes ces années, l’UMP et le PS ont créé un mur contre les gens qui vivent sur le bocage et qui ont reçu leur avis d’expulsion,poursuit Gilles Denigot. Personne ne nous a jamais reçus, ni Borloo ni Nathalie Kosciusko-Morizet.» Pas même Jean-Marc Ayrault en dix ans, signale l’irréductible Michel Tarin, barbe blanche et bonnet de laine. Ancien du Larzac, à 64 ans, il dit s’être battu toute sa vie. En février, lorsqu’il a reçu la lettre d’expulsion, en même temps que la cinquantaine d’autres paysans qui vivent à l’emplacement du futur aéroport, il a su qu’il allait «reprendre le combat». Mais il n’imaginait pas que Notre-Dame-des-Landes serait le premier dossier sur la table de travail du futur président.

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