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jeudi 21 juin 2012

Critiques internes au Front de Gauche


Amis lecteurs, voici un article paru dans Libération.fr, qui montre que ça tangue au Front de gauche.

«Le Parti de gauche fait fausse route»

 (Mis à jour: )
Jean-Luc Mélenchon, le 18 mai 2012 à Hénin-Beaumont
Jean-Luc Mélenchon, le 18 mai 2012 à Hénin-Beaumont (Photo: Denis Charlet. AFP)



    RÉCIT: Adhérent de la première heure, l'économiste Jacques Rigaudiat, ex-conseiller de Michel Rocard et Lionel Jospin, démissionne de la formation de Jean-Luc Mélenchon et s'en explique dans une lettre.





Par LILIAN ALEMAGNA
Ce n'est pas un coup dur, mais ça ne va pas arranger les affaires de Jean-Luc Mélenchon... Jacques Rigaudiat, économiste et ex-conseiller social de Michel Rocard et Lionel Jospin à Matignon quitte le Parti de gauche (PG). Dans une longue lettre datée du 18 juin adressée à ses «camarades du Comité Rosa-Luxembourg» - et publié sur un blog de Mediapart - ce conseiller à la Cour des comptes, adhérent aux premières heures du PG en 2008, annonce sa «démission» d'une formation qui, selon lui, «fait fausse route».
«Je ne peux continuer à feindre de cautionner des choix que je ne partage pas et un mode de fonctionnement que je ne veux plus supporter», écrit Rigaudiat. La liste des reproches fait à la formation fondée et coprésidée par Mélenchon est longue. La«stratégie politique» d'abord. «Certes, je ne minimise nullement le très grand succès qu'a constitué la campagne des présidentielles, concède-t-il. Mais une stratégie politique se juge à ses fruits et ils sont, au final, bien amers [...] Notre capital électoral aura donc été aussitôt dilapidé dans la législative.»

 «La France n’est pas la Grèce»

Notamment en cause, le «combat» de Jean-Luc Mélenchon à Hénin-Beaumont: «Sa défaite nous atteint tous. Durablement. Dans le débat politique national, elle éloigne sa voix et ainsi nous affaiblit.» Pour l'économiste, «le PG vit sur le mythe qu'unique "recours à gauche", il sera "inéluctablement" porté au pouvoir "avant dix ans", dès lors que [...] l'on table sur le fait que "les éléments peuvent aussi s'inviter".» Selon lui, Mélenchon fait une erreur d'analyse: «La France n'est pas la Grèce et avant d'inviter chez nous une même catastrophe sociale, peut-être vaudrait-il mieux se demander comment l'éviter!»
Après la stratégie, la «tactique politique gravement erronée»:«Ancré qu'il est dans la certitude que "le bruit et la fureur" auront raison de toutes les barrières, dans l'illusion complète de pouvoir être "en tête de la gauche", le PG oppose de manière impavide un optimisme inconditionnel et sans faille à toute réalité», défend Rigaudiat. «Privilégier, tout à la fois, électoralement, la présidentielle et, politiquement, la coupure complète de la gauche de transformation d'avec celle de gouvernement», a fait du mal au PG, écrit l'ex-socialiste.

 «Ombres»

Selon lui, le PG et le Front de gauche auraient dû «d'abord s'inscrire dans une dynamique anti-Sarkozy»«rechercher en priorité un front commun de toute la gauche pour le battre» et arriver à un «accord démocratique avec le PS - et l'on sait que les représentants du PG en ont, au final, été les fossoyeurs.» Autre critique: l'analyse «simpliste, qui veut voir dans les révolutions d'Amérique latine les prodromes d'un tsunami démocratique.» Rigaudiat accuse ainsi ses camarades de «tai[re] soigneusement» les «ombres qui assombrissent la démocratie en Amérique du Sud». Quant aux «modes de fonctionnement du PG», Rigaudiat déplore le fait que «les vrais débats n'ont lieu qu'au sein d'un tout petit groupe qui, seul, prend les décisions.»
«Je suis triste que Jacques ait pris cette décision, a réagit Martine Billard, coprésidente du PG auprès de Libération.fr. Mais il dit vouloir rester dans le Front de gauche, donc nous continuerons à travailler ensemble.» Pour l'ex-députée de Paris, les critiques sont«surprenantes»«Jacques avait décidé au dernier congrès de ne pas repartir à la direction. Quant à la critique sur la stratégie, il fait une erreur d'appréciation. Nous ne sommes pas dans un enfermement mais dans la possibilité d'une alternative. S'il n'y avait pas d'alternative au PS, les socialistes seraient dans un modèle à l'Italienne d'alliance au centre, sans autre perspective à gauche pour les classes populaires que celle de l'extrême droite.»
Des fondateurs du PG, Rigaudiat est, depuis 2008, la troisième personnalité après l'ex-syndicaliste Claude Debons et l'économiste Christophe Ramaux, à claquer la porte.

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