- Vous trouverez ci -après l'article de OF suite à la lettre de Françoise Verchère, conseillère générale (parti de gauche) de Loire Atlantique adressée au ministre de l'Intérieur, au sujet des violences survenues samedi lors de la manifestation contre le projet d'aéroport de NDDL.
- Vous pouvez lire aussi la prise de position de Jacques Auxiette président PS de la Région Pays de Loire, parue dans Ouest France.
Mon souhait est que cet aéroport ne voit pas le jour; le projet remonte aux années 1960 avec entre autres, la nécessité de disposer d'une piste de secours pour le Concorde.
Ce n'est plus d'actualité et il serait raisonnable de prévoir un moratoire de plusieurs années pour tout remettre à plat, plutôt que de voir le gouvernement s'entêter.
Il est à craindre que ce projet soit le Larzac de François HOLLANDE.
ND-des-Landes. Françoise Verchère écrit à Manuel Valls
Nantes - 24 Février
Photo Ouest France |
Après
les violences à Nantes, la conseillère générale (parti de gauche) vient
d'envoyer une lettre ouverte au ministre de l'Intérieur. Extraits.
Les casseurs
"Je vous avoue que j’ai été très surprise de
comprendre que vos services les connaissaient visiblement bien (vous avez donné
des précisions sur leur origine, leur positionnement politique) et même qu’ils
savaient ce qui allait se passer. Depuis deux jours, les bruits couraient sur
des incidents à venir ; les avocats savaient qu’ils risquaient d’être réquisitionnés
pour de nombreuses gardes à vue. Samedi matin, au moment où nous étions avec
les tracteurs à l’aéroport de Nantes Atlantique, les policiers présents nous
ont spontanément parlé des « blacks blocs », en nous disant
« qu’ils allaient gâcher notre manifestation ».
Je m’étonne donc que « les forces de l’ordre »
n’aient pas été au fond plus efficaces puisque cela aurait dû être leur
mission, n’est-ce pas ? Puisque l’on sait désormais interdire un spectacle
avant même qu’il n’ait lieu, et puisque nous n’avons pas sur la ZAD 1 000
casseurs ni blacks blocs, pourquoi ne les avez-vous pas fait arrêter avant leur
arrivée ? J’imagine que s’ils sont si dangereux, vous avez certainement des
preuves et même des faits graves à leur reprocher ?
Mais peut-être préfériez-vous les arrêter en flagrant
délit ? Est-ce pour cela que vous n’avez pas fait protéger l’agence Vinci,
située au tout début du parcours de la manifestation, pas plus que des engins
de chantier Vinci aussi (car Vinci est partout vous le savez, immobilier,
parkings, aéroports…) dont vous saviez qu’ils seraient forcément des cibles ?
Est-ce pour cela que la Préfecture n’a autorisé qu’un parcours ridiculement
petit, jamais vu jusque-là ? Est-ce pour cela que les échauffourées localisées
dans un périmètre pourtant restreint ont duré plusieurs heures ? Et au bout du
compte combien y a-t-il eu d’interpellations ? Une douzaine seulement… C’est
assez curieux et à vrai dire difficilement compréhensible alors que les moyens
déployés étaient impressionnants, en hommes et en matériel antiémeute, alors
que la fermeture du centre-ville était inédite, alors qu’il y avait
vraisemblablement des hommes à vous des deux côtés".
Les organisateurs
"Évidemment les images de « la guérilla
urbaine » dont vous avez parlé seront reprises à l’envi plus que celles du
char-triton, des 520 tracteurs présents ou des nombreuses familles manifestant
paisiblement. Évidemment, cela permettra d’occulter une fois encore le fond du
dossier, évidemment le chœur des partisans de l’aéroport poussera des cris
horrifiés en rejetant la responsabilité sur les organisateurs de la
manifestation.
Organisateurs qui ont pourtant tenté d’éviter
l’affrontement en interposant des tracteurs entre l’imposant mur de fer érigé
et ceux qui voulaient effectivement en découdre.
Organisateurs dont le métier n’est pas d’assurer
l’ordre, vous en conviendrez et à qui il serait malvenu de demander de faire
mieux que vous… Organisateurs particulièrement choqués, en tout cas, par les
propos du Préfet de Loire-Atlantique qui n’a pas hésité à affirmer que nous
« opposants historiques » devions cesser « d’être la vitrine
légale d’un mouvement armé ». Je me suis pincée pour y croire… encore un
peu de temps et nous finirons nous-mêmes par être tenus pour de dangereux terroristes
alors que nous avons participé loyalement au débat public, et à toutes les
commissions mises en place.
En réalité, Monsieur le Ministre, tout cela est très
lisible et vieux comme le pouvoir.
Pour discréditer notre combat, et tenter de retourner l’opinion
publique qui nous est aujourd’hui favorable, on fera appel à la peur du
désordre, on utilisera l’image, déplorable je vous l’accorde, des dégradations
commises par les méchants casseurs et on justifiera ainsi une nouvelle
opération policière pour aller enfin nettoyer la ZAD de ses « délinquants
dangereux », en même temps que de ses tritons et de ses paysans. Il faudra
mettre les moyens (ils sont mille, ne l’oublions pas, et les tritons innombrables)
mais vous y êtes peut-être prêts pour que « force reste à la
loi »?"
Les dégâts
"Depuis deux jours, j’ai lu et entendu que le
centre ville de Nantes était « saccagé », qu’un commissariat avait
été « dévasté », qu’il faudrait du temps pour « panser les
plaies de la ville », que les dégâts ne pouvaient pas encore être
chiffrés, autant dire que c’était l’apocalypse. Les mots eux-mêmes sont
visiblement sens dessus dessous... Puis-je vous suggérer de venir à Nantes pour
juger de la situation ? Aujourd’hui dimanche, flottait certes une petite odeur
de gaz lacrymogène, mais le tramway roulait et les Nantais flânaient. Je ne nie
pas les poubelles brûlées, les pavés arrachés, les vitrines brisées et les murs
maculés dans le secteur des affrontements. Je déplore ce vandalisme d’autant
plus que nous dénonçons par ailleurs le gaspillage d’argent public qu’induirait
le transfert de l’aéroport !
Les blessés
"Mais je voudrais aussi vous rappeler que samedi
des personnes âgées, des enfants ont été noyées sous les lacrymogènes. Et qu’un
jeune manifestant a perdu un oeil à cause d’un éclat de grenade assourdissante.
Ce n’était pas un casseur. Et cela nous rappelle le même malheur survenu déjà à
Nantes, à cause d’un tir tendu de flash ball lors d’une manifestation sans
violence devant le Rectorat. Les aubettes seront reconstruites, cela fera même
monter le P.I.B mais ce jeune restera, lui, marqué à jamais. Cela m’interroge
sur la manière dont les forces de l’ordre utilisent leurs armes et me
scandalise davantage que la casse matérielle. Et demain, si le gouvernement
persistait dans son projet d’aéroport, la destruction du bocage de
Notre-Dame-des-Landes et de la vie qu’il abrite serait elle aussi irréversible.
Il faut arrêter un projet désormais
dans l’impasse et régler le problème en prenant la seule décision raisonnable :
respecter la loi sur l’eau, améliorer l’aéroport de Nantes Atlantique et rendre
sa sérénité à Notre Dame des Landes pour que la ZAD redevienne une campagne où
vivre et travailler. Vous pourrez ainsi, Monsieur le Ministre, vous consacrer
aux blacks blocs si vous le jugez indispensable."
ND-des-Landes. Jacques Auxiette interpelle les élus écologistes
Pays de la
Loire - 24 Février
Photo Ouest France |
Au
lendemain des la manifestation et des violences à Nantes, Jacques Auxiette
demande aux élus EELV "la fin de toute ambiguïté".
Au
lendemain de la manifestation contre le projet d’aéroport de
Notre-Dame-des-Landes et des violences à Nantes, Jacques Auxiette, président
des Pays de la Loire, est revenu sur ces événements en ouverture de la
commission permanente qui se déroule en ce moment au conseil régional.
Après
avoir fait part de sa solidarité « avec les Nantais victimes des
dégâts » et avoir souligné que « toutes les formations
politiques sans exception ont eu les mots qui conviennent pour dénoncer la
casse et les violences », Jacques Auxiette s’est adressé
spécifiquement aux élus d’Europe Ecologie-Les Verts : « Je veux vous
dire qu’il n’est pas possible de prononcer ici ou devant les micros des
discours républicains, et de soutenir en réalité l’occupation illégale de la
zone du futur aéroport par ceux-là même qui ont perpétré les violences à
Nantes. Il n’est pas acceptable de dénoncer les actes illégaux, samedi à
Nantes, tandis que vous soutenez les squats et occupations illégales 20
kilomètres plus au Nord. Ou pire tandis que tel ou tel d’entre vous participe
ouvertement à ces occupations et le revendique (…). Il n’est pas tolérable
d’entendre des appels au calme a posteriori alors que parfois, de vos rangs,
sont partis des appels à manifester pour perturber le bon déroulement de
manifestations publiques organisées par le conseil régional ! »
Le président
de Région enfonce le clou : « Nous attendons de vous la fin réelle de
toute ambiguïté. Les élus de la République ne peuvent pas faire entrave à la
Loi, ni être complices d’entraves. Ni à Nantes, ni sur la Zad. Vous devez
dénoncer toutes les actions illégales qui décrédibilisent celles et ceux qui,
et c’est leur droit, restent opposés au transfert de l’aéroport de Nantes. À
défaut, c’est votre propre crédibilité qui demeurera durablement entachée. »
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