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mercredi 26 février 2014

NDDL: prises de position de deux élus suite à la manifestation de Nantes samedi 22 février

Amis lecteurs,

  • Vous trouverez ci -après l'article de OF suite à la lettre de Françoise Verchère, conseillère générale (parti de gauche) de Loire Atlantique adressée au ministre de l'Intérieur, au sujet des violences survenues samedi lors de la manifestation contre le projet d'aéroport de NDDL.
  • Vous pouvez lire aussi la prise de position de Jacques Auxiette président PS de la Région Pays de Loire, parue dans Ouest France.


Mon souhait est que cet aéroport ne voit pas le jour; le projet remonte aux années 1960 avec entre autres, la nécessité de disposer d'une piste de secours pour le Concorde.
Ce n'est plus d'actualité et il serait raisonnable de prévoir un moratoire de plusieurs années pour tout remettre à plat, plutôt que de voir le gouvernement s'entêter.

Il est à craindre que ce projet soit le Larzac de François HOLLANDE.


ND-des-Landes. Françoise Verchère écrit à Manuel Valls
Nantes - 24 Février

Photo Ouest France

Après les violences à Nantes, la conseillère générale (parti de gauche) vient d'envoyer une lettre ouverte au ministre de l'Intérieur. Extraits.
Les casseurs
"Je vous avoue que j’ai été très surprise de comprendre que vos services les connaissaient visiblement bien (vous avez donné des précisions sur leur origine, leur positionnement politique) et même qu’ils savaient ce qui allait se passer. Depuis deux jours, les bruits couraient sur des incidents à venir ; les avocats savaient qu’ils risquaient d’être réquisitionnés pour de nombreuses gardes à vue. Samedi matin, au moment où nous étions avec les tracteurs à l’aéroport de Nantes Atlantique, les policiers présents nous ont spontanément parlé des « blacks blocs », en nous disant « qu’ils allaient gâcher notre manifestation ».
Je m’étonne donc que « les forces de l’ordre » n’aient pas été au fond plus efficaces puisque cela aurait dû être leur mission, n’est-ce pas ? Puisque l’on sait désormais interdire un spectacle avant même qu’il n’ait lieu, et puisque nous n’avons pas sur la ZAD 1 000 casseurs ni blacks blocs, pourquoi ne les avez-vous pas fait arrêter avant leur arrivée ? J’imagine que s’ils sont si dangereux, vous avez certainement des preuves et même des faits graves à leur reprocher ?


Mais peut-être préfériez-vous les arrêter en flagrant délit ? Est-ce pour cela que vous n’avez pas fait protéger l’agence Vinci, située au tout début du parcours de la manifestation, pas plus que des engins de chantier Vinci aussi (car Vinci est partout vous le savez, immobilier, parkings, aéroports…) dont vous saviez qu’ils seraient forcément des cibles ? Est-ce pour cela que la Préfecture n’a autorisé qu’un parcours ridiculement petit, jamais vu jusque-là ? Est-ce pour cela que les échauffourées localisées dans un périmètre pourtant restreint ont duré plusieurs heures ? Et au bout du compte combien y a-t-il eu d’interpellations ? Une douzaine seulement… C’est assez curieux et à vrai dire difficilement compréhensible alors que les moyens déployés étaient impressionnants, en hommes et en matériel antiémeute, alors que la fermeture du centre-ville était inédite, alors qu’il y avait vraisemblablement des hommes à vous des deux côtés".
Les organisateurs
"Évidemment les images de « la guérilla urbaine » dont vous avez parlé seront reprises à l’envi plus que celles du char-triton, des 520 tracteurs présents ou des nombreuses familles manifestant paisiblement. Évidemment, cela permettra d’occulter une fois encore le fond du dossier, évidemment le chœur des partisans de l’aéroport poussera des cris horrifiés en rejetant la responsabilité sur les organisateurs de la manifestation.
Organisateurs qui ont pourtant tenté d’éviter l’affrontement en interposant des tracteurs entre l’imposant mur de fer érigé et ceux qui voulaient effectivement en découdre.
Organisateurs dont le métier n’est pas d’assurer l’ordre, vous en conviendrez et à qui il serait malvenu de demander de faire mieux que vous… Organisateurs particulièrement choqués, en tout cas, par les propos du Préfet de Loire-Atlantique qui n’a pas hésité à affirmer que nous « opposants historiques » devions cesser « d’être la vitrine légale d’un mouvement armé ». Je me suis pincée pour y croire… encore un peu de temps et nous finirons nous-mêmes par être tenus pour de dangereux terroristes alors que nous avons participé loyalement au débat public, et à toutes les commissions mises en place. 
En réalité, Monsieur le Ministre, tout cela est très lisible et vieux comme le pouvoir.
Pour discréditer notre combat, et tenter de retourner l’opinion publique qui nous est aujourd’hui favorable, on fera appel à la peur du désordre, on utilisera l’image, déplorable je vous l’accorde, des dégradations commises par les méchants casseurs et on justifiera ainsi une nouvelle opération policière pour aller enfin nettoyer la ZAD de ses « délinquants dangereux », en même temps que de ses tritons et de ses paysans. Il faudra mettre les moyens (ils sont mille, ne l’oublions pas, et les tritons innombrables) mais vous y êtes peut-être prêts pour que « force reste à la loi »?"

Les dégâts
"Depuis deux jours, j’ai lu et entendu que le centre ville de Nantes était « saccagé », qu’un commissariat avait été « dévasté », qu’il faudrait du temps pour « panser les plaies de la ville », que les dégâts ne pouvaient pas encore être chiffrés, autant dire que c’était l’apocalypse. Les mots eux-mêmes sont visiblement sens dessus dessous... Puis-je vous suggérer de venir à Nantes pour juger de la situation ? Aujourd’hui dimanche, flottait certes une petite odeur de gaz lacrymogène, mais le tramway roulait et les Nantais flânaient. Je ne nie pas les poubelles brûlées, les pavés arrachés, les vitrines brisées et les murs maculés dans le secteur des affrontements. Je déplore ce vandalisme d’autant plus que nous dénonçons par ailleurs le gaspillage d’argent public qu’induirait le transfert de l’aéroport !
Les blessés
"Mais je voudrais aussi vous rappeler que samedi des personnes âgées, des enfants ont été noyées sous les lacrymogènes. Et qu’un jeune manifestant a perdu un oeil à cause d’un éclat de grenade assourdissante. Ce n’était pas un casseur. Et cela nous rappelle le même malheur survenu déjà à Nantes, à cause d’un tir tendu de flash ball lors d’une manifestation sans violence devant le Rectorat. Les aubettes seront reconstruites, cela fera même monter le P.I.B mais ce jeune restera, lui, marqué à jamais. Cela m’interroge sur la manière dont les forces de l’ordre utilisent leurs armes et me scandalise davantage que la casse matérielle. Et demain, si le gouvernement persistait dans son projet d’aéroport, la destruction du bocage de Notre-Dame-des-Landes et de la vie qu’il abrite serait elle aussi irréversible.
Il faut arrêter un projet désormais dans l’impasse et régler le problème en prenant la seule décision raisonnable : respecter la loi sur l’eau, améliorer l’aéroport de Nantes Atlantique et rendre sa sérénité à Notre Dame des Landes pour que la ZAD redevienne une campagne où vivre et travailler. Vous pourrez ainsi, Monsieur le Ministre, vous consacrer aux blacks blocs si vous le jugez indispensable."


ND-des-Landes. Jacques Auxiette interpelle les élus écologistes
Pays de la Loire - 24 Février

Photo Ouest France
Au lendemain des la manifestation et des violences à Nantes, Jacques Auxiette demande aux élus EELV "la fin de toute ambiguïté".
Au lendemain de la manifestation contre le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes et des violences à Nantes, Jacques Auxiette, président des Pays de la Loire, est revenu sur ces événements en ouverture de la commission permanente qui se déroule en ce moment au conseil régional. 
Après avoir fait part de sa solidarité « avec les Nantais victimes des dégâts » et avoir souligné que « toutes les formations politiques sans exception ont eu les mots qui conviennent pour dénoncer la casse et les violences », Jacques Auxiette s’est adressé spécifiquement aux élus d’Europe Ecologie-Les Verts : « Je veux vous dire qu’il n’est pas possible de prononcer ici ou devant les micros des discours républicains, et de soutenir en réalité l’occupation illégale de la zone du futur aéroport par ceux-là même qui ont perpétré les violences à Nantes. Il n’est pas acceptable de dénoncer les actes illégaux, samedi à Nantes, tandis que vous soutenez les squats et occupations illégales 20 kilomètres plus au Nord. Ou pire tandis que tel ou tel d’entre vous participe ouvertement à ces occupations et le revendique (…). Il n’est pas tolérable d’entendre des appels au calme a posteriori alors que parfois, de vos rangs, sont partis des appels à manifester pour perturber le bon déroulement de manifestations publiques organisées par le conseil régional ! »
Le président de Région enfonce le clou : « Nous attendons de vous la fin réelle de toute ambiguïté. Les élus de la République ne peuvent pas faire entrave à la Loi, ni être complices d’entraves. Ni à Nantes, ni sur la Zad. Vous devez dénoncer toutes les actions illégales qui décrédibilisent celles et ceux qui, et c’est leur droit, restent opposés au transfert de l’aéroport de Nantes. À défaut, c’est votre propre crédibilité qui demeurera durablement entachée. »