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samedi 3 mars 2012

Bravo à Claude ONESTA

Amis lecteurs,
vous trouverez ci-dessous, une interview du sélectionneur de l'équipe de France de Handball, parue dans Libération .fr. Il remet les choses à leur juste place.


Onesta : «Les impôts, cela ne tuera pas le foot»

Claude Onesta, l'entraîneur des Bleus, lors du match contre le Danemark, le 30 janvier 2011 à Malmö.
Claude Onesta, l'entraîneur des Bleus, lors du match contre le Danemark, le 30 janvier 2011 à Malmö. (© AFP Franck Fife)

INTERVIEWFiscalité. Le sélectionneur de l’équipe de France de hand réagit au projet de taxation de François Hollande.

Par GRÉGORY SCHNEIDER
Le projet de taxation à 75% au-dessus du million d’euros de revenus annuels défendu par le candidat socialiste à la présidentielle, François Hollande, a fait réagir le monde sportif. Le président de la Ligue de football professionnel, Frédéric Thiriez, y voit «la mort programmée des équipes françaises», une cinquantaine de joueurs concernés pouvant, selon lui, être tentés d’aller exercer leur art sous des cieux plus cléments fiscalement. Le sélectionneur de l’équipe de France de handball, Claude Onesta (56 ans), plus grand palmarès du sport collectif français (deux titres mondiaux, un titre olympique), n’est pas du même avis.
Que pensez-vous de ce projet ?
Je ne suis ni fiscaliste ni économiste. On m’a aussi expliqué, depuis l’annonce, que l’impact d’une telle mesure sur la dette du pays est négligeable. Reste le symbole. Je crois comprendre que la crise est devant nous. Les revenus baissent, le chômage grimpe, les gens galèrent pour se nourrir, se loger décemment, se soigner. Et on préserverait les plus riches ? Les joueurs de foot ne seraient pas touchés ? L’impôt, c’est un rendez-vous citoyen, des crèches, des écoles : en aucun cas une confiscation ou une sanction. Je répète un truc depuis des années : le sport de haut niveau n’a d’intérêt qu’à partir du moment où l’exemplarité est présente dans le tableau.
Et l’affaiblissement des équipes soumises à une concurrence internationale ?
Mais cela fait des années que les clubs ne sont plus compétitifs en Ligue des champions ! Au lieu de se faire éliminer en quarts de finale, ils se feront peut-être éliminer en huitièmes, pour ce que ça change… Après, cela ne tuera pas le foot. Vous aurez toujours un championnat de Ligue 1, un premier, un dernier, de bonnes audiences télés… Des clubs anglais sont au bord de la faillite. Dans le championnat espagnol de hand, c’est l’anarchie, les salaires ne sont plus versés, vous n’avez que deux ou trois clubs dont vous êtes à peu près certain qu’ils repartiront l’an prochain. Ceux qui sortent l’argument de la fuite des talents croient quoi ? Que c’est une crise économique franco-française ?
Le foot espagnol ne se porte pas si mal…
D’accord, mais vous trouvez normal de payer des joueurs des sommes pareilles dans un pays dont 24% de la population active est au chômage ? Un champion ne vit pas dans une bulle. Il est dans la cité. Et puis, bon, j’entends le discours de certains : «Un joueur n’exerce que douze ans, il faut qu’il mette de l’argent à gauche parce qu’après…» Mais dans le hand ou dans le rugby, à la fin de sa carrière, le mec bosse. Pourquoi les footballeurs y couperaient ? Vous vous posez les bonnes questions, vous redémarrez un projet de vie… Travailler après sa carrière sportive, c’est une chance, pas un drame.
Quid des stars ?
Si le milieu du terrain du PSG Javier Pastore [acheté 42 millions d’euros cet été, record de France, ndlr] s’en va jouer ailleurs, on ne va pas en mourir non plus. Mais je vais vous dire : la star gagnera la même chose quel que soit le taux d’imposition. C’est le génie de l’exception : Madonna, Picasso, Messi [30 millions d’euros par an, primes et contrats pub inclus, ndlr]… Elle apporte la lumière. On ne peut pas faire sans elle. Et une star négocie en net. Le salaire brut, cela regarde le club. Qui ajustera sa politique salariale au détriment des joueurs moyens : ce sont eux qui seraient impactés. Disons qu’un mec à 100 000 euros par mois n’en gagnerait plus que 80 000. Là aussi, j’ai du mal à voir où est le scandale.
Des sportifs de haut niveau pratiquant des disciplines individuelles, comme le tennis, ont déjà choisi l’exil fiscal…
(Il coupe). Pas de soucis. On ne reste pas dans un pays parce qu’il vous permet de protéger le trésor mais parce qu’on y a des amis, qu’on partage des valeurs avec ceux qui y habitent. Donc, qu’ils s’en aillent.

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