Article trouvé sur le site Libération .fr (news letter du 28 avril 2011)
Hollande fait un «rêve»...
REPORTAGE
Le candidat à la primaire socialiste a fait sauter le compteur des propositions, lors de son premier meeting de campagne, jeudi soir à Clichy-la-Garenne.
LAURE BRETTON
François Hollande, ce jeudi soir à Clichy-la-Garenne. (AFP/Jacques Demarthon) |
Ceux qui l’accusaient de jouer perso et de ne pas faire de fond en seront pour leurs frais. Ce jeudi soir, devant un millier de personnes réunies à Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine), François Hollande a fait sauter le compteur des propositions et a pris soin de montrer sa patte de velours: le projet présidentiel élaboré collectivement «vise juste», «pose bien les priorités», «avance des idées pertinentes» et lui n’est là que pour «l’enrichir».
S’il est choisi par les sympathisants de gauche en octobre prochain puis par les Français en 2012, il y aura donc aussi 500.000 places de crèche supplémentaires, un livret de croissance «pour que l’épargne soit affectée dans les territoires», un nouveau mode de calcul du smic indexé sur la croissance et la convocation d’une grande conférence de la «démocratie écologique réunissant tous les acteurs de la transition écologique».
Entre autres choses, car il en a encore sous le coude, assure-t-il après le meeting. «Je n’ai pas parlé de culture et de logement», s’excuse-t-il presque au terme d’un discours pourtant fleuve de 75 minutes.
«On n'est pas nerveux, nous»
Sur scène, un grand collage façon école maternelle détaille ses axes de campagne sur des pastilles de couleur: «Mieux au travail», «Europe ambitieuse», «Vivre rassemblés» et «Priorité jeunesse». Le tout surplombé de son slogan: «La France en avant».
Au premier rang du théâtre Rutebeuf, la garde rapprochée bombe le torse: la salle est pleine, l’ambiance est bonne même si aucun ralliement de poids n’a été enregistré ce soir et que les 20h sont ratés pour cette fois. «On n'est pas nerveux, nous», sourit le député européen Kader Arif, refusant de commenter les attaques venues des autres écuries présidentielles socialistes, strauss-Kahniens en tête. «Pour aller loin, il faut surtout faire preuve de sérénité», tacle-t-il quand même.
Après onze ans à la tête du PS à s’exprimer au nom du collectif, François Hollande parle d’abord d’une voix mal assurée de son cas personnel. «Merci à ceux qui ont commencé tôt à croire au message que je porte», glisse-t-il en guise d’introduction, la gorge visiblement serrée. Perdue au milieu des militants, incognito, sa compagne, la journaliste Valérie Trierweiler, plisse les yeux.
«Faites ce rêve avec moi»
Echauffé, le candidat retrouve toute sa verve - et ses accents à la Devos - pour taper sur Nicolas Sarkozy. «Tout était possible, nous disait-il. C’était vrai! Même l’échec», claironne l’ancien premier secrétaire. Des «François président» fusent. Lui dresse le portrait du dirigeant «normal» qu’il promet d’être s’il est élu. «Etre un président qui tient le cap, qui garde ses nerfs, qui évite les foucades, les caprices, les confusions des genres, ce serait déjà un grand progrès», attaque-t-il.
Loin des discours déclinistes, le député de Corrèze entend «redonner confiance et espérance» aux Français dont ils soulignent les «forces», les «atouts», les «bonheurs» avant de s’aventurer sur les traces de Martin Luther King et de son «dream» pour les générations futures.
François Hollande veut que la France renoue avec son «rêve», un mot qu’il martèle une quinzaine de fois comme un mantra et qui fait lever la salle à la fin de son discours. Pêle-mêle, il cite «le rêve des fondateurs de la République (…) des résistants qui ont combattu la barbarie nazie (…) le rêve de ceux qui ont attendu pendant 23 ans l’alternance et qui l’ont vécue en 1981, le rêve du Front populaire (…) le rêve de Lionel Jospin».
Pendant l’année qui vient, enjoint-il la voix cassée par l'émotion, «faites ce rêve avec moi, ce sera la réalité de demain».
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