Devant le résultat de l'élection législative du Doubs, le 08 février dernier, je fus atterré par le score du Font national. Je respecte le vote des électeurs et je m''interroge sur les raisons d'un tel engouement pour le FN. Il est induit certainement par la politique actuelle de la France et l'absence de perspectives et d'avenir pour de nombreux citoyens.
Je vous livre ci-après les raisons de ma colère.
L’élection législative partielle du Doubs a vu, le dimanche 8 février 2015, la victoire sur
le fil, de Frédéric Barbier, socialiste, face à la candidate Front national Sophie Montel.
Cette élection annonce, probablement, des jours sombres et turbulents pour notre
pays.
Pour moi, cet événement a fini par muer ma déception en colère face à la politique
menée par le gouvernement Walls et le Président Hollande.
D’ou vient cette poussée du Front national d’élection en élection, et en contrepoint
le désamour persistant envers le PS et ses partenaires.
Souvenons nous du slogan de la campagne PS en 2012 : « Le changement c’est
maintenant » Le candidat François Hollande avait suscité de l’espoir et un brin de rêve
chez les électeurs. Il annonçait aussi vouloir réorienter l’Europe vers une politique de
relance qui mettrait à mal l’austérité imposée par les instances européennes.
Au lieu de suivre ses engagements, fidèle à lui-même dans la recherche de synthèses
improbables, le Président fit sienne la politique d’austérité conduite par l’Union
Européenne. Il s’est alors progressivement aliéné de nombreux électeurs qui avaient cru
à son programme et étaient déçus du septennat de Nicolas SARKOSY.
Le candidat François HOLLANDE avait parmi ses 60 propositions, l’introduction d’une
dose de proportionnelle pour les élections législatives ; cette promesse est mort-née
sans doute afin que le Front National n’entre pas au parlement en force. Mais aussi pour
des raisons de cuisine électorale avec ses alliés remuants, dont les écologistes et les
communistes. Malgré cela, deux députés Front national siègent déjà à l’Assemblé
Nationale et à 800 voix près, il en avait un troisième le 8 février 2015.
Résumons les faits : les mesures décidées par le gouvernement depuis 2012, se révèlent
pour la plupart en contradiction avec les engagements du candidat Hollande en 2012.
Certes, parmi les réformes sociétales, la loi sur le mariage pour tous, a été menée à bien,
même si ce fut dans la douleur.
Cependant beaucoup de décisions telles que les hausses diverses dont celle de la TVA,
les dispositions fiscales inégalitaires avec le gel du barème fiscal ont soumis à l’impôt de
nombreux français aux revenus modestes qui jusqu’alors y échappaient. Nous pouvons y
ajouter le gel du point d’indice pour les fonctionnaires et l’absence de revalorisation des
retraites en 2014 jusqu’en octobre 2015. Ces mesures prises depuis mai 2012 ont frappé
le pouvoir d’achat des classes moyennes ainsi que celui des français les moins aisés, tout
en épargnant les plus riches.
Et au fil du temps, le candidat qui haranguait la foule au Bourget en disant haut et fort,
« mon ennemi, c’est la finance », semble s’être converti au social libéralisme.
Toutes ces mesures rabotent le pouvoir d’achat des français pour soi disant respecter les
critères de Maastricht et se mettre au diapason de l’orthodoxie européenne. Elles
étouffent la croissance et auraient pu être décidées par l’UMP et notamment son
président Nicolas Sarkozy.
Notre gouvernent s’est plié aux injonctions de la Commission Européenne. La croissance
reste atone et de plus, l’Europe qui devait permettre de tirer les droits sociaux vers
le haut et améliorer de fait le sort de ses citoyens, s’est mise à fonctionner à l’envers avec une paupérisation des citoyens aisés, et un basculement vers la
pauvreté de plus en plus de personnes. Tout cela au seul profit des grandes
entreprises et des banques. Un exemple : le détachement des travailleurs européens est
trop souvent dévoyé et permet à de nombreuses sociétés de sous payer leurs employés.
Ces travailleurs détachés, sur le territoire national, seraient près de 300 000.
Et que penser de la politique d’optimisation fiscale menée par le Luxembourg et son
ancien Premier ministre, M Jean Claude Juncker, aujourd’hui président de la Commission
Européenne. En pratique, le Luxembourg a permis des multinationales de réduire
fortement en toute légalité le montant de leurs impôts, pénalisant ainsi les pays sièges
de ces entreprises.
Dans ces circonstances, il ne faut pas s’étonner que beaucoup d’électeurs se tournent
vers le Front National, qui n’a jamais exercé le pouvoir dans la 5ème République, et qu’ils
considèrent comme une alternative crédible aux autres partis, notamment PS et UMP.
Les électeurs du FN, déçus viennent de tous les horizons, certes de la gauche, mais
également de la droite, surtout UMP avec le « ni ni » préconisé par ce parti. Ils oublient
cependant d’ou vient le FN ; ce parti regroupe entre autres des nostalgiques du régime
de Vichy et de l’extrême droite ; et quelques souverainistes les ont rejoint. En outre, le
FN défend une politique d’immigration zéro et xénophobe. En voici un exemple:
Beaucaire dont le maire est FN depuis les dernières élections municipales vient de
supprimer la subvention à une association qui assurait le soutien scolaire de jeunes en
difficulté, notamment issus de l’immigration.
Au train où vont les choses, le Front National est en passe de supplanter L’UMP et le PS.
Madame Marine Le Pen peut espérer atteindre le deuxième tour de la prochaine élection
présidentielle et de devenir, pourquoi pas, Présidente de la république.
Depuis le 08 février dernier, ce n’est plus une utopie et si tel était le cas, dans la foulée, il
y a fort à parier que le pays enverrait une majorité Front National ou Bleu Marine siéger
à l’Assemblée nationale. Et cela avec un mode de scrutin majoritaire à deux tours, sensé
éviter ou limiter l’élection de députés FN.
Les socialistes auraient ainsi mis en danger la démocratie par manque de courage
politique en ne tenant pas la promesse d’introduire un scrutin proportionnel pour les
législatives.
Ce scénario n’est plus une utopie. Les états-majors, tant du PS que l’UMP cogitent
sûrement sur cette question.
Il y a donc tout lieu d’être inquiet et en colère d’autant que face à la dérive économique
libérale du PS, l’UMP et son « ni ni », l’UDI, les écologistes et le front de gauche ne
présentent pas, pour le moment, d’alternative crédible, à la façon de SYRIZA en Grèce ou
PODEMOS en Espagne.
Cela peut expliquer que de plus en plus de citoyens se refugient dans l’abstention ou
rejoignent le Front national. Ils manifestent ainsi leur colère envers le gouvernement
actuel qui est empêtré, certes, dans la difficile gestion quotidienne du pays. La future loi
Macron en est un exemple avec ses 200 articles et ses mesures fourre-tout.
Il est grand temps que le pouvoir actuel choisisse un cap, qui mette fin à l’austérité et
redonne de l’espoir à tous, notamment à la jeunesse.
Cela passe par une lutte efficace contre le chômage par une relance économique assise
sur les énergies renouvelables et les économies d’énergies, notamment dans le secteur
du logement. La croissance ainsi obtenue ne devrait pas se réaliser au détriment de la
nature et de notre environnement.
Une réelle réforme fiscale, promise est également nécessaire en taxant plus fortement
les bénéfices des grandes entreprises et en diminuant les cotisations sociales, tel que le
suggère l’économiste Thomas Piketty ; ceci afin de redonner du pouvoir d’chat aux
salariés.
Souhaitons que le PS retrouve une bonne direction dans sa gestion du pays ; il en va de
même pour les partis d’opposition ; dans le cas contraire, pourquoi ne pas suivre, avec
intérêt, l’émergence d’une force politique de type SYRIZA ou PODEMOS qui regroupe des
citoyens de tous les horizons en dépassant les habituels clivages gauche-droite.
Les récents propos de François Bayrou, favorables à l’adoption du scrutin proportionnel
pour l’élection des députés, devraient être entendus par le Pouvoir en place. De même le
Président Hollande, et/ou ses conseillers seraient bien inspirés de prendre connaissance
du dernier ouvrage de Philippe Torreton qui s’intitule : « Cher François, lettres ouvertes à
toi, Président ».
Enfin, Pierre Larrouturou aujourd’hui co-président du mouvement « Nouvelle Donne »
qui revendique 12 000 adhérents, dit et tout porte à le croire : «Le pouvoir nous prend
pour des couillons». Il écarte toute alliance avec le PS, mais lance une invitation au Front
de gauche et à Europe Écologie: «Prenons six mois pour construire un projet.»
L’avenir est sombre et chargé d’incertitudes, mais sur ce chemin il est encore possible
d’espérer et de contribuer aux changements dont notre pays et l’Europe ont besoin.
Pierre GEORGES.
Le 16 février 2015