Aubry identifiée à la gauche plurielle
«Elle est celle qui représente le plus, après Jospin, la gauche plurielle. Même si ces alliances doivent être améliorées, ça reste un bon socle.» Un proche d'Aubry en est certain, sa championne est la mieux placée pour réaliser l'union avec les autres forces de gauche. Ses relations de l'époque avec la ministre Marie-George Buffet étaient bonnes, de même qu'avec Jean-Luc Mélenchon (qui l'avait soutenue au Sénat durant l'examen de la loi sur les 35 heures). Et elle a fait bien attention à ne pas tomber depuis dans la critique du Front de gauche, même si son passage à la fête de l'Huma n'a pas été des plus convaincant.
La lune de miel avec EELV ne s'est jamais démentie, depuis l'arrivée d'Aubry à la tête du PS. Devenus partenaires privilégiés après les européennes, les écolos n'ont pas à se plaindre des récentes négociations: des accords profitables ont considérablement augmenté leur nombre d'élus aux régionales, cantonales et sénatoriales.
Sur le fond, elle est aussi celle qui a affirmé les positions les plus écolo-compatibles, se prononçant de la façon la moins floue quant à une sortie du nucléaire, ou encore en promettant d'affecter une partie des 300.000 emplois-jeunes à l'expertise des logements en matière d'isolement thermique. Récemment, le vice-président EELV de la région Pays de la Loire, Matthieu Orphelin, a expliqué sa préférence, mais pour d'autres raisons. Et d'annoncer qu'il voterait à la primaire, disant apprécier «la sincérité et la clarté des prises de position de Martine Aubry sur des sujets qui me tiennent à cœur, et qui sont des fondamentaux du projet écologiste: la fin du cumul des mandats, l'égalité femmes-hommes (qui sera sa première loi), la lutte contre les discriminations».
Pour Denis Baupin, le choix de la formule est savamment pesée: «Je n'ai pas à choisir, mais disons que nous aimerions que tous les candidats pensent comme Aubry sur le nucléaire.»
Pour autant, Martine Aubry semble prisonnière du grand écart de ses soutiens, allant des proches de Benoît Hamon à ceux de Dominique Strauss-Kahn. Si les premiers ont fait le choix de s'adresser au reste de la gauche,
dans un appel publié dans Mediapart, les seconds semblent avoir plus nettement influencé la ligne économique de la candidate (
lire notre enquête).
La maire de Lille entend profiter d'un «vote utile anti-Hollande» chez les électeurs de gauche, et cible en priorité le premier cercle des sympathisants socialistes: féministes, associatifs, syndicalistes... Elle a notamment enregistré le soutien des présidents de la Cimade et de RESF, comme celui d'Edmond Maire (dirigeant historique de la CFDT), ou de la présidente de l'association «40 ans du MLF»...